Allez-vous parier sur Dieu ou sur la raison?
« Si Dieu n’existait pas, tout serait permis. »
Dostoïevski

Par Amayas Belkessam, Montréal
La Révolution scientifique et le Siècle des Lumières peuvent être considérés comme les déclencheurs de la longue et souffrante baisse d’influence qu’ont connue les institutions ecclésiastiques. Depuis ces évènements, nous vivons aujourd’hui dans un Occident sécularisé, mais qui a tout de même fortement hérité des vestiges des valeurs chrétiennes. Le Québec, qui s’est récemment défait de ses liens cléricaux lors de la Révolution tranquille, semble encore ressentir le poids que la religion a pu avoir par le passé. Les épineux dossiers que sont l’abolition du cours Éthique et culture religieuse et la Loi sur la laïcité le prouvent bien.
Dans mon cas, mon rapport à la religion est très ambigu. J’ai grandi au Québec, donc, dans une société prônant la laïcité. Toutefois, mes parents sont – je le crois ou du moins c’est ce qu’ils laissent paraitre – musulmans. Je me suis toujours posé des questions sur Dieu, la foi et la spiritualité. Étant encore jeune ou bien un pur produit de ma société (c’est peut-être un peu des deux), je dois avouer que la pratique de la religion ne m’intéresse guère. Je préfère croire en moi et en mon propre bonheur plutôt qu’à Dieu. Pourtant, réfléchir sur les causes profondes de la foi religieuse est un exercice que je valorise beaucoup. En me promenant dans une librairie, je suis tombé sur un exemplaire de L’avenir d’une illusion de Freud. Ce livre est le seul écrit de Freud qui est consacré entièrement à la religion.
Freud voyait la religion comme le phénomène social et psychologique le plus complexe qui soit. Il la décrit comme une « illusion » et comme le prolongement du désir infantile de vouloir être protégé par le père. L’avenir d’une illusion a été publié en 1927 et il annonçait déjà la perte d’influence que la religion allait subir dans notre société. Malgré cette perte, beaucoup de gens sont restés religieux. En effet, aujourd’hui, dans un monde dominé par la science et la raison, il y a encore beaucoup de chrétiens et de musulmans par exemple ; ces gens se comptent en milliards. Devant ces circonstances, nous pouvons légitimement être amenés à croire que la religion continue à apporter un grand bien à plusieurs croyants. Freud ne nie pas ce fait : dans une partie de son livre Malaise dans la civilisation, il explique que les hommes cherchent fondamentalement le bonheur et que face à la lourdeur de la vie, ils peuvent se trouver des satisfactions substitutives qui sont des illusions telles que l’art ou la religion. Freud a saisi ce qu’était, selon lui, la cause de l’apparition de la religion et le rôle qu’elle joue dans la psychologie de l’homme. Ce qu’il ne veut pas reconnaître, c’est la valeur que peut avoir la religion ; pour lui, elle n’est pas un moyen suffisant, l’homme ne devrait pas se contenter de cette illusion et devrait viser plus haut (avec les sciences par exemple). Cette vision est très rationaliste et place la raison au rang de reine. Personnellement, je suis absolument contre le fait d’accorder trop de place à la raison dans nos vies. Par exemple, je trouve que l’équation de Socrate stipulant que vertu = raison = bonheur est totalement ridicule. Surestimer la raison et les sciences amène la décadence (merci Nietzsche). J’aime croire en l’Amour et en la satisfaction des désirs sensorielles (que j’aime la Musique). Même si je ne suis pas religieux, je crois tout de même que la religion se rapproche de l’Amour (chose qui, selon moi, est la plus importante dans ce monde). La vision freudienne de la religion me satisfait à moitié : en tant qu’historien, je valorise évidemment les sciences et la raison, mais je crois tout de même qu’il y a des choses telles que l’Amour et la Musique qui transcendent toute raison.
En parlant de mes tourmentes à l’un de mes professeurs, celui-ci m’a conseillé de lire les Pensées de Blaise Pascal. Cet ouvrage posthume se place à un pôle totalement opposé de l’analyse freudienne. Pour le janséniste français Pascal, une vie pieuse est synonyme de bonheur ad vitam æternam. Muni d’une plume sobre, efficace et incroyablement claire, Pascal entreprend dans les Pensées, et ce, de manière assez apologétique, une défense tenace de l'existence de Dieu. Le symbole de cette défense est très certainement son fameux Pari qui « démontre » que toute personne aurait intérêt à croire en Dieu. La vie sans Dieu est vaine. Pascal conçoit que la vie humaine connaît plusieurs limites. Au grand désarroi de son contemporain Descartes, Pascal, malgré tout l’intérêt qu’il a pu y porter, trouve que la science est limitée, qu’on ne peut pas tout connaître et que la savoir que l’on a accumulé est lui-même incertain. Les nombreuses passions qui dirigent les hommes sont toutes limitées : on passe notre vie à s’intéresser à des moyens et non des fins; nous ne sommes jamais satisfaits de ce qu’on possède; l’ennui est insupportable; nous cherchons toujours le divertissement; nous sommes vaniteux et voulons être aimé des autres; etc. C’est par les sentiments qu’on peut avoir accès à Dieu, la raison doit être humiliée. Que Dieu existe ou non, nous sommes lancés dès la naissance. Il faut parier. Allez-vous parier sur Dieu ou sur la raison?
La Révolution scientifique et le Siècle des Lumières peuvent être considérés comme les déclencheurs de la longue et souffrante baisse d’influence qu’ont connue les institutions ecclésiastiques. Depuis ces évènements, nous vivons aujourd’hui dans un Occident sécularisé, mais qui a tout de même fortement hérité des vestiges des valeurs chrétiennes. Le Québec, qui s’est récemment défait de ses liens cléricaux lors de la Révolution tranquille, semble encore ressentir le poids que la religion a pu avoir par le passé. Les épineux dossiers que sont l’abolition du cours Éthique et culture religieuse et la Loi sur la laïcité le prouvent bien.
Dans mon cas, mon rapport à la religion est très ambigu. J’ai grandi au Québec, donc, dans une société prônant la laïcité. Toutefois, mes parents sont – je le crois ou du moins c’est ce qu’ils laissent paraitre – musulmans. Je me suis toujours posé des questions sur Dieu, la foi et la spiritualité. Étant encore jeune ou bien un pur produit de ma société (c’est peut-être un peu des deux), je dois avouer que la pratique de la religion ne m’intéresse guère. Je préfère croire en moi et en mon propre bonheur plutôt qu’à Dieu. Pourtant, réfléchir sur les causes profondes de la foi religieuse est un exercice que je valorise beaucoup. En me promenant dans une librairie, je suis tombé sur un exemplaire de L’avenir d’une illusion de Freud. Ce livre est le seul écrit de Freud qui est consacré entièrement à la religion.
Freud voyait la religion comme le phénomène social et psychologique le plus complexe qui soit. Il la décrit comme une « illusion » et comme le prolongement du désir infantile de vouloir être protégé par le père. L’avenir d’une illusion a été publié en 1927 et il annonçait déjà la perte d’influence que la religion allait subir dans notre société. Malgré cette perte, beaucoup de gens sont restés religieux. En effet, aujourd’hui, dans un monde dominé par la science et la raison, il y a encore beaucoup de chrétiens et de musulmans par exemple ; ces gens se comptent en milliards. Devant ces circonstances, nous pouvons légitimement être amenés à croire que la religion continue à apporter un grand bien à plusieurs croyants. Freud ne nie pas ce fait : dans une partie de son livre Malaise dans la civilisation, il explique que les hommes cherchent fondamentalement le bonheur et que face à la lourdeur de la vie, ils peuvent se trouver des satisfactions substitutives qui sont des illusions telles que l’art ou la religion. Freud a saisi ce qu’était, selon lui, la cause de l’apparition de la religion et le rôle qu’elle joue dans la psychologie de l’homme. Ce qu’il ne veut pas reconnaître, c’est la valeur que peut avoir la religion ; pour lui, elle n’est pas un moyen suffisant, l’homme ne devrait pas se contenter de cette illusion et devrait viser plus haut (avec les sciences par exemple). Cette vision est très rationaliste et place la raison au rang de reine. Personnellement, je suis absolument contre le fait d’accorder trop de place à la raison dans nos vies. Par exemple, je trouve que l’équation de Socrate stipulant que vertu = raison = bonheur est totalement ridicule. Surestimer la raison et les sciences amène la décadence (merci Nietzsche). J’aime croire en l’Amour et en la satisfaction des désirs sensorielles (que j’aime la Musique). Même si je ne suis pas religieux, je crois tout de même que la religion se rapproche de l’Amour (chose qui, selon moi, est la plus importante dans ce monde). La vision freudienne de la religion me satisfait à moitié : en tant qu’historien, je valorise évidemment les sciences et la raison, mais je crois tout de même qu’il y a des choses telles que l’Amour et la Musique qui transcendent toute raison.
En parlant de mes tourmentes à l’un de mes professeurs, celui-ci m’a conseillé de lire les Pensées de Blaise Pascal. Cet ouvrage posthume se place à un pôle totalement opposé de l’analyse freudienne. Pour le janséniste français Pascal, une vie pieuse est synonyme de bonheur ad vitam æternam. Muni d’une plume sobre, efficace et incroyablement claire, Pascal entreprend dans les Pensées, et ce, de manière assez apologétique, une défense tenace de l'existence de Dieu. Le symbole de cette défense est très certainement son fameux Pari qui « démontre » que toute personne aurait intérêt à croire en Dieu. La vie sans Dieu est vaine. Pascal conçoit que la vie humaine connaît plusieurs limites. Au grand désarroi de son contemporain Descartes, Pascal, malgré tout l’intérêt qu’il a pu y porter, trouve que la science est limitée, qu’on ne peut pas tout connaître et que la savoir que l’on a accumulé est lui-même incertain. Les nombreuses passions qui dirigent les hommes sont toutes limitées : on passe notre vie à s’intéresser à des moyens et non des fins; nous ne sommes jamais satisfaits de ce qu’on possède; l’ennui est insupportable; nous cherchons toujours le divertissement; nous sommes vaniteux et voulons être aimé des autres; etc. C’est par les sentiments qu’on peut avoir accès à Dieu, la raison doit être humiliée. Que Dieu existe ou non, nous sommes lancés dès la naissance. Il faut parier. Allez-vous parier sur Dieu ou sur la raison?

Copernic a-t-il ouvert les portes de la science moderne?
Par Amayas Belkessam
L’Almageste du Grec Claude Ptolémée (IIe siècle après J-C.) était presque totalement en accord avec la physique aristotélicienne, mais surtout avec la conception du monde des dirigeants ecclésiastiques qui voyaient cet ouvrage comme une interprétation légitime des écrits bibliques. Il faudra attendre jusqu’au XVIe siècle pour qu’un chanoine polonais ayant un peu d’intérêt pour l’astronomie vienne bouleverser le modèle géocentrique de Ptolémée. Cette personne n’est nul autre que Nicolas Copernic (1473-1543). Ce court texte analysera les caractéristiques du modèle astronomique de Copernic, à travers ses points forts et ses points faibles, ses difficultés, par rapport à la physique d’Aristote et les impacts et les perspectives que ce modèle offrait à son époque.
Pour faire fonctionner son système géocentrique, Ptolémée fut dans l’obligation de créer 3 constructions géométriques : l’épicycle, l’excentrique et le point équant. Ces notions géométriques servaient à expliquer des incohérences telles que l’inégalité des saisons sur Terre, des mouvements irréguliers ou des variations de vitesse. À l’aide de ces 3 concepts, nous avons donc un système très confus où : « au centre du monde, siège la Terre, immobile ; puis vient la Lune, qui tourne en un mois ; puis Mercure, Vénus et le Soleil, qui bouclent leurs révolutions sur le déférent en un an ; puis Mars en deux ans, Jupiter en douze ans et Saturne en trente ans ». Copernic sentit que le système de Ptolémée « manquait bien trop de clarté́ pour être exact » et décida donc d’harmoniser tout cela en mettant en place un système où le Soleil serait au centre de l’Univers, un système, in fin, héliocentrique. Le Soleil étant au centre, autour de lui, sur des trajectoires circulaires, vient Mercure, Vénus, la Terre, qui n’est qu’une simple planète, Mars, Jupiter et Saturne. Dans ce modèle, Copernic attribua les mouvements des étoiles, de la Lune, du Soleil et des autres planètes au fait que la Terre tourne sur son axe en un jour, en plus de tourner autour du Soleil, comme les autres planètes.
Ce modèle proposé par Copernic possède quelques avantages. Le mouvement rétrograde s’explique simplement par l’éloignement des planètes par rapport au Soleil : plus la planète est loin, plus la période de révolution est longue et inversement. Avec l’étude approfondie du comportement de Vénus et de sa position par rapport au Soleil, Copernic a réussi à estimer sur des simples calculs trigonométriques la distance la séparant du Soleil. En appliquant le même modus operandi, Copernic trouva (en unités astronomiques) les distances séparant les autres planètes du Soleil. Ne s’arrêtant pas là, Copernic détermina de manière toute aussi précise la période sidérale (le temps de révolution) de chaque planète. Connaître les périodes sidérales amène ensuite le Polonais à pouvoir prédire le positionnement des planètes. À contrario, un point faible observable dans le système de Copernic est sans doute l’absence totale de parallaxe annuelle pour les étoiles fixes. Outre les parallaxes, le plus gros problème que posait le système copernicien vient de son incompatibilité́ avec la physique d’Aristote.
Le mouvement des corps sur une Terre en mouvement et le fait que la Terre puisse tourner sur elle-même en tournant autour du Soleil : ces affirmations propres au système de Copernic sont en contradiction totale avec les lois aristotéliciennes affirmant que les planètes sont régies par des lois physiques différentes et que les mouvements naturels sont réservés aux objets faits de matière terrestre.
Copernic expliqua ces contradictions de manière plus au moins convaincante et ne créa pas une nouvelle physique adaptée à son système. Le monde de la science était face à un dilemme : « Ou bien adhérer à la cosmologie nouvelle, répudier la physique d'Aristote et donc se voir obligé de construire une nouvelle physique. Ou bien garder la physique d'Aristote et refuser l'héliocentrisme. »
En plus de bouleverser le monument qu’est Aristote, l’héliocentrisme de Copernic vient totalement détruire cette conception que l’Homme a de lui-même : la créature de Dieu au centre de l’Univers. Dire que la Terre n’est qu’une planète parmi tant d’autres, c’est sous-entendre que l’Homme n’est pas unique. Le modèle de Copernic laisse des portes ouvertes : une nouvelle conception de l’Homme, mais aussi de la physique tout entière. Inspiré par Copernic, Galilée (1564-1642) posera le problème de la physique dans son ouvrage Dialogue sur les deux grands systèmes du monde. Il ira même jusqu’à faire une nouvelle physique qui ouvrira le chemin vers Isaac Newton (1642-1727) et la physique moderne.
L’influence de Copernic sur la science est incontestable. Certains historiens le considèrent comme le père de la science moderne alors que d’autres le trouvent négligeable (son ouvrage De revolutionibus, parut à sa mort, n’aura pas fait sensation, malgré́ son contenu). Révolutionnaire pour certains et simple scientifique pour d’autres, à l’instar de Descartes, Copernic semble annoncer une transition dans le monde. Reste à savoir s’il est le dernier scientifique du Moyen-Âge ou bien le premier de l’Époque moderne.
Par Amayas Belkessam
L’Almageste du Grec Claude Ptolémée (IIe siècle après J-C.) était presque totalement en accord avec la physique aristotélicienne, mais surtout avec la conception du monde des dirigeants ecclésiastiques qui voyaient cet ouvrage comme une interprétation légitime des écrits bibliques. Il faudra attendre jusqu’au XVIe siècle pour qu’un chanoine polonais ayant un peu d’intérêt pour l’astronomie vienne bouleverser le modèle géocentrique de Ptolémée. Cette personne n’est nul autre que Nicolas Copernic (1473-1543). Ce court texte analysera les caractéristiques du modèle astronomique de Copernic, à travers ses points forts et ses points faibles, ses difficultés, par rapport à la physique d’Aristote et les impacts et les perspectives que ce modèle offrait à son époque.
Pour faire fonctionner son système géocentrique, Ptolémée fut dans l’obligation de créer 3 constructions géométriques : l’épicycle, l’excentrique et le point équant. Ces notions géométriques servaient à expliquer des incohérences telles que l’inégalité des saisons sur Terre, des mouvements irréguliers ou des variations de vitesse. À l’aide de ces 3 concepts, nous avons donc un système très confus où : « au centre du monde, siège la Terre, immobile ; puis vient la Lune, qui tourne en un mois ; puis Mercure, Vénus et le Soleil, qui bouclent leurs révolutions sur le déférent en un an ; puis Mars en deux ans, Jupiter en douze ans et Saturne en trente ans ». Copernic sentit que le système de Ptolémée « manquait bien trop de clarté́ pour être exact » et décida donc d’harmoniser tout cela en mettant en place un système où le Soleil serait au centre de l’Univers, un système, in fin, héliocentrique. Le Soleil étant au centre, autour de lui, sur des trajectoires circulaires, vient Mercure, Vénus, la Terre, qui n’est qu’une simple planète, Mars, Jupiter et Saturne. Dans ce modèle, Copernic attribua les mouvements des étoiles, de la Lune, du Soleil et des autres planètes au fait que la Terre tourne sur son axe en un jour, en plus de tourner autour du Soleil, comme les autres planètes.
Ce modèle proposé par Copernic possède quelques avantages. Le mouvement rétrograde s’explique simplement par l’éloignement des planètes par rapport au Soleil : plus la planète est loin, plus la période de révolution est longue et inversement. Avec l’étude approfondie du comportement de Vénus et de sa position par rapport au Soleil, Copernic a réussi à estimer sur des simples calculs trigonométriques la distance la séparant du Soleil. En appliquant le même modus operandi, Copernic trouva (en unités astronomiques) les distances séparant les autres planètes du Soleil. Ne s’arrêtant pas là, Copernic détermina de manière toute aussi précise la période sidérale (le temps de révolution) de chaque planète. Connaître les périodes sidérales amène ensuite le Polonais à pouvoir prédire le positionnement des planètes. À contrario, un point faible observable dans le système de Copernic est sans doute l’absence totale de parallaxe annuelle pour les étoiles fixes. Outre les parallaxes, le plus gros problème que posait le système copernicien vient de son incompatibilité́ avec la physique d’Aristote.
Le mouvement des corps sur une Terre en mouvement et le fait que la Terre puisse tourner sur elle-même en tournant autour du Soleil : ces affirmations propres au système de Copernic sont en contradiction totale avec les lois aristotéliciennes affirmant que les planètes sont régies par des lois physiques différentes et que les mouvements naturels sont réservés aux objets faits de matière terrestre.
Copernic expliqua ces contradictions de manière plus au moins convaincante et ne créa pas une nouvelle physique adaptée à son système. Le monde de la science était face à un dilemme : « Ou bien adhérer à la cosmologie nouvelle, répudier la physique d'Aristote et donc se voir obligé de construire une nouvelle physique. Ou bien garder la physique d'Aristote et refuser l'héliocentrisme. »
En plus de bouleverser le monument qu’est Aristote, l’héliocentrisme de Copernic vient totalement détruire cette conception que l’Homme a de lui-même : la créature de Dieu au centre de l’Univers. Dire que la Terre n’est qu’une planète parmi tant d’autres, c’est sous-entendre que l’Homme n’est pas unique. Le modèle de Copernic laisse des portes ouvertes : une nouvelle conception de l’Homme, mais aussi de la physique tout entière. Inspiré par Copernic, Galilée (1564-1642) posera le problème de la physique dans son ouvrage Dialogue sur les deux grands systèmes du monde. Il ira même jusqu’à faire une nouvelle physique qui ouvrira le chemin vers Isaac Newton (1642-1727) et la physique moderne.
L’influence de Copernic sur la science est incontestable. Certains historiens le considèrent comme le père de la science moderne alors que d’autres le trouvent négligeable (son ouvrage De revolutionibus, parut à sa mort, n’aura pas fait sensation, malgré́ son contenu). Révolutionnaire pour certains et simple scientifique pour d’autres, à l’instar de Descartes, Copernic semble annoncer une transition dans le monde. Reste à savoir s’il est le dernier scientifique du Moyen-Âge ou bien le premier de l’Époque moderne.