HISTOIRE TRAGIQUE ET TRISTE D'UN JEUNE HOMME MORT... EN VOULANT VIVRE
Par Sadat Mansour
Le jour de son départ, il quitta son village, un sourire tout plein d'espoir, et sa mère était en larmes. Des larmes chaudes et tristes à la fois que seule une mère est capable de verser pour son enfant qui part vers l'inconnu.
Au seuil de la maison elle le serra très fort dans ses bras et lui dit :
- Sois fort mon fils, tu sais bien combien je t’aime, reviens-moi vite ; je ne pourrai jamais supporter longtemps ton absence. Que Dieu soit avec toi !
Puis il s'en alla vers l’inconnu, pour découvrir des pays qu’on disait pleins d’humanité, de liberté et où rien ne manque, tant les richesses que les plaisirs.
Séduit par la situation enviable des émigrés de son village " qui avaient réussi ", il voulait fuir la précarité pour revenir un jour auprès de sa famille avec un peu de prospérité.
Il partit, vers l’inconnu…en croyant emprunter les routes du paradis. Hélas, il avait fini en enfer.
Par une matinée du mois d’octobre marquée par une pluie fine, sur un rivage de la Méditerranée, avec d'autres clandestins inconnus, il monta dans une embarcation de fortune.
Il paya le prix fort pour traverser la grande bleue, une mer la plus meurtrière au monde. C'était sa pauvre mère qui avait vendu ses bijoux pour lui payer le " billet du bonheur."
Quand la vie est amère, le bonheur n'est autre qu'un hymne à la vie ".
Après une pénible traversée d'une journée, à la tombée de la nuit , entre ciel et mer, une vague gigantesque fracassa la barque et tout le monde tomba à l’eau. C'était horrible !
Au milieu des cris et des hurlements, le jeune homme levait et agitait ses bras mais les courants étaient tellement forts et les flots si puissants qu'il avait été emporté par les eaux.
En se débattant, il pensa à son village, à ses frères et sœurs, à son père et surtout à SA MÈRE.
Dans un ultime sursaut, il eut un sanglot et il bredouilla en s’étouffant :
- " YEMA (ma mère), je suis navré de quitter ce monde sans jamais te revoir. Et pardonne -moi de planter une braise dans ton cœur. Un feu qui va te consumer de l’intérieur jusqu'à la fin de tes jours..."
Et avant de sombrer dans les eaux profondes, dans un dernier souffle, il poussa un hurlement de rage et de douleur : - " YEMAAAAAAA ! "
Le pauvre !... Il se vendit à l'eau pour que la fange ne l'achète pas.
IL EST NÉ DANS UNE TERRE AU PIED DE LA MONTAGNE ET IL EST MORT EN PLEINE MER.
IL EST MORT en voulant fuir une société impitoyable où les jours sont tristes et les nuits mélancoliques.
IL EST MORT parce qu'il avait ras-le-bol d'une vie difficile et inhumaine avec en plus sa misère morale.
IL EST MORT en voulant aller ailleurs où les femmes ne sont pas vêtues de noir mais drapées de charme et d'élégance avec leurs tenues chatoyantes et leurs cheveux au vent.
IL EST MORT pour fuir ces hypocrites qui passent leur temps penchés sur des tapis de prière alors que leurs yeux et leur cœur sont fermés à leurs proches.
IL EST MORT en voulant fuir un système politique répressif et corrompu.
IL EST MORT EN VOULANT VIVRE.
IL EST MORT et sa mère continuera pendant longtemps à l'attendre ... à attendre désespérément CELUI qui ne reviendra jamais.
Et la braise plantée dans son cœur, il ne restera à la pauvre femme, jusqu'à la fin de ses jours, que des nuits longues et cernées de cauchemars où les sanglots de la douleur et de la souffrance viendront mourir sur son oreiller ...
PAUVRE ALGÉRIE ! Tes enfants que tu as vu naître, grandir puis souffrir NE T'AURAIENT PAS QUITTÉ si certains individus ont pu préserver leur dignité.
ALGÉRIE BIEN-AIMÉE, même loin de TOI, tes enfants ne t'oublieront jamais ...Tu existes dans leurs cœurs... Ils t'aimeront pour toujours !
Mansour Sadat
* Tous droits réservés.
Le jour de son départ, il quitta son village, un sourire tout plein d'espoir, et sa mère était en larmes. Des larmes chaudes et tristes à la fois que seule une mère est capable de verser pour son enfant qui part vers l'inconnu.
Au seuil de la maison elle le serra très fort dans ses bras et lui dit :
- Sois fort mon fils, tu sais bien combien je t’aime, reviens-moi vite ; je ne pourrai jamais supporter longtemps ton absence. Que Dieu soit avec toi !
Puis il s'en alla vers l’inconnu, pour découvrir des pays qu’on disait pleins d’humanité, de liberté et où rien ne manque, tant les richesses que les plaisirs.
Séduit par la situation enviable des émigrés de son village " qui avaient réussi ", il voulait fuir la précarité pour revenir un jour auprès de sa famille avec un peu de prospérité.
Il partit, vers l’inconnu…en croyant emprunter les routes du paradis. Hélas, il avait fini en enfer.
Par une matinée du mois d’octobre marquée par une pluie fine, sur un rivage de la Méditerranée, avec d'autres clandestins inconnus, il monta dans une embarcation de fortune.
Il paya le prix fort pour traverser la grande bleue, une mer la plus meurtrière au monde. C'était sa pauvre mère qui avait vendu ses bijoux pour lui payer le " billet du bonheur."
Quand la vie est amère, le bonheur n'est autre qu'un hymne à la vie ".
Après une pénible traversée d'une journée, à la tombée de la nuit , entre ciel et mer, une vague gigantesque fracassa la barque et tout le monde tomba à l’eau. C'était horrible !
Au milieu des cris et des hurlements, le jeune homme levait et agitait ses bras mais les courants étaient tellement forts et les flots si puissants qu'il avait été emporté par les eaux.
En se débattant, il pensa à son village, à ses frères et sœurs, à son père et surtout à SA MÈRE.
Dans un ultime sursaut, il eut un sanglot et il bredouilla en s’étouffant :
- " YEMA (ma mère), je suis navré de quitter ce monde sans jamais te revoir. Et pardonne -moi de planter une braise dans ton cœur. Un feu qui va te consumer de l’intérieur jusqu'à la fin de tes jours..."
Et avant de sombrer dans les eaux profondes, dans un dernier souffle, il poussa un hurlement de rage et de douleur : - " YEMAAAAAAA ! "
Le pauvre !... Il se vendit à l'eau pour que la fange ne l'achète pas.
IL EST NÉ DANS UNE TERRE AU PIED DE LA MONTAGNE ET IL EST MORT EN PLEINE MER.
IL EST MORT en voulant fuir une société impitoyable où les jours sont tristes et les nuits mélancoliques.
IL EST MORT parce qu'il avait ras-le-bol d'une vie difficile et inhumaine avec en plus sa misère morale.
IL EST MORT en voulant aller ailleurs où les femmes ne sont pas vêtues de noir mais drapées de charme et d'élégance avec leurs tenues chatoyantes et leurs cheveux au vent.
IL EST MORT pour fuir ces hypocrites qui passent leur temps penchés sur des tapis de prière alors que leurs yeux et leur cœur sont fermés à leurs proches.
IL EST MORT en voulant fuir un système politique répressif et corrompu.
IL EST MORT EN VOULANT VIVRE.
IL EST MORT et sa mère continuera pendant longtemps à l'attendre ... à attendre désespérément CELUI qui ne reviendra jamais.
Et la braise plantée dans son cœur, il ne restera à la pauvre femme, jusqu'à la fin de ses jours, que des nuits longues et cernées de cauchemars où les sanglots de la douleur et de la souffrance viendront mourir sur son oreiller ...
PAUVRE ALGÉRIE ! Tes enfants que tu as vu naître, grandir puis souffrir NE T'AURAIENT PAS QUITTÉ si certains individus ont pu préserver leur dignité.
ALGÉRIE BIEN-AIMÉE, même loin de TOI, tes enfants ne t'oublieront jamais ...Tu existes dans leurs cœurs... Ils t'aimeront pour toujours !
Mansour Sadat
* Tous droits réservés.
![]() Évocation du chanteur
Idir Badji Une courte carrière, mais bien remplie! Par Aylane Belkessam Dans ses meilleurs jours artistiques, la musique été, pour lui, un élément important pour se surpasser et atteindre un certain bien-être. Sa relation avec cet art s’est caractérisée par un attachement ineffable. Grâce à sa détermination, il a réussi à atteindre son objectif de réaliser ses projets, soit d’enregistrer des albums et de se produire sur scène. Son parcours l’a amené à collaborer avec des chanteurs kabyles connus tels Taleb Tahar, Fahem Mohand Said, Zohra, Rabah Ouferhat et bien d’autres. Sa carrière artistique, éphémère soit-elle, demeure tout de même riche d’un répertoire de 2 tubes (cassettes) enregistrés en 1985 pour le premier et 1988 pour le second. Pour une rare fois, il a été approché, par le site web www.taourirtmokrane.com, à qui il a déroulé, d’un trait, sa pelote de fil qu’il a longtemps conservée loin des feux de la rampe, faute bien entendu, de la marginalisation médiatique cruelle dont ont été victimes la majorité des chanteurs d’expression amazigh durant les années 70 et 80 et du manque de considération des institutions culturelles algériennes à l’encontre de la chanson kabyle en général. Son court passage dans la chanson est le résultat d’une succession d’événements anodins et de rencontres bienheureuses avec des artistes de sa ville natale à savoir Larba Nath Irathen. Le penchant de Idir Badji pour la musique a débuté dans le local du réputé artisan luthier monsieur Sam Abdenour. À cet endroit, il a eu la chance, selon ses propos de côtoyer, nul autre, que le grand Cheikh Ahcen Mezani. Avec le temps, et chemin aidant, il a fait la connaissance de la chanteuse Zohra, une étoile montante à l’époque, de la chanson kabyle féminine au début des années 80. Cette rencontre fortuite a été un tournant déterminant dans son parcours musical. Sur ce segment de sa vie, il nous a confié que, par une heureuse circonstance, il a saisi l’occasion de l’absence de la chanteuse Zohra, qui devait faire un enregistrement à la chaine de radio d’expression kabyle, chaine 2, pour proposer à Mdjahed Hamid, célèbre animateur de la populaire émission radiophonique Ighenayen Ouzeka (les chanteurs de demain) de lui donner sa chance et lui permettre d’enregistrer une de ses chansons. Ce coup de dé s’est avéré concluant. Selon notre interlocuteur, ce fameux coup lui a ouvert la voie tout en lui donnant le courage d’entreprendre une carrière musicale. La résilience dont il a fait preuve à ses premiers pas dans la chanson s’est matérialisée, comme il a été cité au début de cet écrit, par l’enregistrement de deux tubes, contenant environ 13 à 14 titres. À travers ses compositions, il a pu relater et transcender ses peines, ses amours, ses passions par des élocutions fortes en sens et des mélodies harmonieuses et touchantes. C’est ainsi qu’on retrouve dans le premier album sorti en 1985 des sujets sensibles traitant de l’amour maternel exprimé dans la chanson Aymayama, diffusé par la chaine 2 où il l’a enregistré en premier lieu. Il a composé également une autre sur l’attachement à sa terre natale intitulée Thadarthiw (mon village) qu’il aime beaucoup fredonner à des occasions de rencontres avec des amis à 8000 lieux (Montreal) de la terre qui l’a vu naître, soit, le petit village Elmisser dans la commune d’Ait Aguouacha, daira de Larbaa-Nath-Irathen. Dans cette optique, Idir nous a affirmé que ce premier enregistrement n’a été rendu possible qu’avec le concours du chanteur Taleb Tahar dont la notoriété était déjà établie dans le paysage artistique kabyle. En 1988, c’est le chantre de la chanson kabyle, Lounes Matoub qui l’a pris sous son aile. Avec l’aide précieuse de ce dernier, il a enregistré en France au niveau de GCC studio (Grand Comptoir de la Cassette) son second tube. Continuant dans le même sillage, Idir a concocté un répertoire dans lequel il n’a pas dérogé d’un iota de sa thématique première. Comme vivre de ce qu’on aime n’est pas donné à tous, Idir a dû faire des choix difficiles qui ont orienté sa vie vers un destin autre que celui de la musique. Nous le savons, la famille est une priorité chez Idir. Il a donc interrompu sa carrière pour offrir une vie meilleure à sa femme et ses enfants. L’immigration est la voie salvatrice qu’il a choisie pour accéder à cet objectif. Enfin, dans les derniers pans de sa pelote, Idir, à travers ses états d’âmes, nous a démontré que sa fibre artistique coule toujours dans ses veines. On peut constater ceci à travers le plaisir et la joie qu’il éprouve en initiant ses deux garçons Zeles et Juba à la musique. Ces deux derniers qui développent un potentiel appréciable en musique confirment l’adage : la pomme n’est pas tombée loin du pommier. |
![]() TASWIQT, UNE COUTUME À PRÉSERVER
Si dans beaucoup de régions berbérophones et plus précisément en Kabylie « TASWIQT » a disparu depuis longtemps, chez les AT IRATEN la tradition continue à occuper sa place d’antan comme elle continue d’être célébrée d’une manière grandiose durant la journée qui précède les deux Aïds. Elle est d’une valeur inestimable pour toute la famille Kabyle qui se retrouve à cette occasion et passer la fête ensemble dans la joie et la bonne humeur. Lors de la journée de TASWIQT, la ville est littéralement envahie par des milliers d’enfants venus de tous les villages avoisinants, heureux et gaies dans leurs vêtements tous neufs à la recherche de leur jouets préférés et autres friandises. Par ailleurs, l’enfant qui pour la première fois se rend au souk ( ad isewweq ), tradition oblige, il doit être vêtu d’un beau costume enveloppé d’un burnous blanc comme neige , qui signifie la pureté accompagné de préférence par son grand père ou par son père pour le propulser dans l’arène des hommes et lui faire découvrir les valeurs qu’il doit acquérir dans ce haut lieu et doit apprendre et s’imprégner pour une place respectable dans la société. Une société basée sur des valeurs sûres. Toujours lors de cette journée, la grosse emplette consiste à acheter une tête ou un cœur de veau, c’est selon les bourses . Le cœur est pour inciter l’enfant à aimer et à perfectionner son travail, pour ce qui est de la tête, ça symbolise le souhait de voir cet enfant devenir un leader ; un meneur d’hommes. Quant à la famille, elle attend impatiemment le retour de son enfant, l’accueillir à bras ouverts avec des youyous. Une nuit de fête dans toutes les demeures. La famille s’assemble autour du foyer sur lequel trône la marmite des grands jours. I.BENANE |